Livre et compagnie : la passion du livre
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 Katja

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Aigle Blanc
Apprentie maître des mots
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Aigle Blanc


Nombre de messages : 149
Localisation : Dans un monde de créatures fantastiques
Date d'inscription : 31/07/2005

Katja Empty
MessageSujet: Katja   Katja EmptyDim 22 Jan à 21:21

Voilà c'est ce que j'ai fait moi pour l'histoire

Vous qui vivez en toute quiétude, bien au chaud dans vos maison…
Vous qui pensez à vos projets pour l’avenir, moi qui ne me souciait que de savoir si je serais en vie le lendemain.

J’écris aujourd’hui sous un pont, perdue au milieu de nulle part, je n’ai rien à manger, et rien d’autre à boire que de l’eau de pluie ou celle qui passe sous l’édifice où je me suis réfugiée. Sur ce cahier, je vais écrire comment j’en suis arrivée là et je le cacherai, comme ça, quand le froid ou les SS me prendront, quelqu’un pourra peut-être trouver ce cahier et le lire pour faire éclater la vérité.

Je m’appelle Katja, Katja Shneidzer et vivais dans un petit village au sud de Francfort. C’était en 1934, trois ans auparavant, mes parents étaient partis en Amérique pour y travailler, moi, ils me forcèrent à rester ici, pour mes études, sans jamais se douter de ce qui se tramait. Ils m’écrivaient chaque mois et je leur répondais, leur faisant part de mes inquiétudes depuis le début de l’année 1933 ; un homme du nom d’Adolf Hitler était devenu chancelier, un nazi. Toujours ils me certifiaient que je ne devais pas craindre ces choses et que tout rentrerait dans l’ordre. Je souris encore en pensant à cela, je ne savais ni s’ils en étaient persuadés, ou bien s’ils voulaient se rassurer eux-mêmes de m’écrire ces lignes censées réconfortantes…
Comme mes parents étaient très amis avec une famille allemande dans la maison voisine, ils leur demandèrent cordialement s’ils pouvaient me garder. C’était en 1931. Ils acceptèrent sans hésiter, n’ayant qu’un fils, une fillette ne serait pas trop de charge à porter en plus. Le père de famille, un allemand blond aux yeux bleus à la carrure forte représentait bien ce qui allait devenir la race parfaite des Aryens. Son fils, Friedrich, lui ressemblait beaucoup, une taille fine, un visage plein de vivacité et d’intelligence. Je n’ai jamais trop fait attention à la mère, je ne saurais dire pourquoi je n’ai pas retenu son visage, je sais juste qu’elle n’était pas une femme très belle et un peu forte.
Bientôt je me suis liée d’amitié avec le fils Friedrich, nous allions ensemble à l’école et j’aimais passer mes après-midi libres avec lui. La période 1931 à 1933, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de la raconter. C’est après que tout s’enchaîna à une vitesse fulgurante…

1933, Hitler arriva au pouvoir. La famille où je vivais le considérait comme un homme ambitieux et intelligent sans pour autant partager ses idées nazies sur l’antisémitisme. Cela changea bien vite.

Un soir, Otto, le père de Friedrich, revint la mine enjouée. Il travaillait dans l’administration et posa sa mallette noire à côté du porte-manteau. Il se dirigea vers la cuisine pour embrasser sa femme. Friedrich (que j’avais surnommé Fritz) et moi nous tenions dans le salon à faire nos devoirs quand la conversation à attiré mon attention. Je ne saurais rapporter exactement ce qui s’est dit mais apparemment, il était rentré tard pour rattraper l’heure perdue à écouter le discours du maire qui annonçait la venue d’Adolf Hitler à Francfort. Otto semblait emballé et voulait absolument y assister. J’avais du mal à le reconnaître…J’ai jeté un œil à Fritz qui préféra ne rien dire et se plonger dans son exercice d’algèbre. Je ne savais pas exactement ce que pouvait dire le chancelier mais je connaissais assez bien ses idées pour savoir que quelque chose allait changer…
Le lendemain, je suis retournée en cours. J’étais au collège en dernière année et de brillantes études s’offraient à moi, du moins, je le pensais. Du jour au lendemain, les autres élèves se mirent à me repousser, à me haïr. Fritz, n’osait rien faire et je lui reprochais de laisser les autres m’insulter comme ils le voulaient. Je n’étais pas la seule juive dans l’établissement et quand je suis allée chercher des affaires à mon casier, plusieurs croix gammées y avaient été dessinées au stylo indélébile. Cela se répétait sur plusieurs casiers de gens comme moi, des juifs. Au dernier cours, avant la pause de midi, le professeur, un homme toujours agréable, me retint avant que je ne sorte.
-Katja, il faut que tu partes. Ne reviens pas cet après-midi ! Jure-moi que tu ne reviendras pas !
Il me serrait le bras si fort que je dus le forcer à me lâcher. Je lui ai adressé un oui de la tête avant de m’en aller rejoindre Fritz. J’ignorais complètement pourquoi il m’avait demandé cela. Etait-ce pour me protéger ? Ou bien voulait-il simplement que je ne revienne plus parce que je suis juive ? Je ne le saurai jamais…

Sur le chemin du retour, Friedrich ne m’adressa pas un mot et j’en fus quelque peu frustrée. Je commençais à croire qu’il ne m’appréciait plus comme avant. Avait-il honte d’être avec moi ? Ces pensées m’enserraient le cœur et me rendaient malade. Alors que nous tournions vers la rue où nous habitions, je posai une main ferme sur l’épaule de mon ami.
-Fritz…
Je le forçai à se retourner vers moi.
-Que penses-tu de moi ?
Il baissa les yeux vers ses pieds et blêmit.
-Tu sais Katja…il se passe tellement de choses en ce moment.
-Tu ne réponds pas à ma question Fritz ! m’énervai-je.
-Et bien…des idées nouvelles sont apparues, notamment celles sur ta race mais…
-« Race » ?
Je le regardai avec des yeux noirs. Ce mot voulait tout dire ! Il pensait comme tous ces nazis ! Je l’ai planté là où il se trouvait et me suis mise à courir seule vers sa maison. Je suis rentrée les larmes aux yeux. La mère de Fritz ne me posa aucune question, mon état ne semblait pas la préoccuper. Elle posa une assiette de pommes de terre devant moi. Dès que j’ai avalé la première bouchée, j’ai remarqué que les légumes avaient un goût fade et écœurant. Quand Fritz fut servi, je fus atterrée : il avait un steak saignant recouvert de sauce avec des pommes de terre semblant bien meilleures que les miennes ! Il rougit devant moi et essaya de cacher sa gêne en vain. J’ai laissé le plat plein et suis repartie dehors.
Comme me l’avait demandé le professeur, je ne retournai pas en cours et restai dans le quartier à penser. Tout allait si vite et je ne comprenais rien. C’était l’automne et je passai ma journées à regarder les feuilles mortes tomber, les arbres perdant leurs couleurs, comme moi je perdais espoir.

Je suis tout de même revenue à la maison le soir, Otto était allé à ce fameux « meeting » à Francfort et j’épiai discrètement la conversation entre lui et sa femme. De tout ce que j’ai entendu, je retins que « les juifs sont la source de tous les problèmes », « il ne devrait y avoir que les Aryens sur Terre, qu’ils ont besoin de s’étendre ». Je compris mieux le comportement du père de Fritz, ces propos l’avaient flatté, lui, parfait représentant de sa race !

L’année 1935 fut, pour moi, marquée par les lois de Nuremberg. J’avais déjà du mal à supporter l’année 1934 mais là, ce fut pire que tout. Les autres juifs qui, au contraire de moi, avaient continué leur scolarité, furent exclus et beaucoup d’actes antisémites se multiplièrent. La famille où je vivais cherchait toujours à m’exclure également le plus qu’ils pouvaient. Même Fritz avait changé…Moi qui le considérais comme plus qu’un ami…voilà que lui m’oubliait peu à peu, se fondant dans la masse nazie. La plus grande preuve que j’eus de cette trahison fut lorsqu’il s’engagea dans les jeunesses hitlériennes. Mon cœur se brisa quand je l’appris, je l’ai regardé et il ne m’a rien répondu, il ne disait jamais rien…mais ça je ne lui reprochais pas, car au moins il ne m’insultait pas, lui.

Un jour de printemps, je me dirigeai vers un parc pour m’y détendre. L’accès me fut refusé par un de ses SS qui m’expliqua avec violence que c’était interdit aux juifs. Je n’ai pas osé poser mes yeux sur lui, qui sait comment il aurait réagi, alors je m’en suis retournée vers la maison de Fritz. Ce dernier attendait sur les marches de l’escalier menant à la porte. Il me sourit pour la première fois depuis des mois. Je ne compris pas pourquoi, juste à cet instant parce qu’il n’y avait aucune raison…d’autant plus, j’affichais une mine affreuse. Il me fit signe de m’assoir et je m’exécutai sans le regarder.
- Comment vas-tu ? demanda t-il.
- Qu’est-ce que ça peut te faire ? rétorquai-je avec agressivité.
- Je…je ne sais pas, fit-il un peu confus. Je m’inquiétais pour toi…

J’ai rapidement expédié la conversation et suis rentrée à l’intérieur. Depuis quelques temps, des groupes de SS passaient dans tous les quartiers…j’avais peur. On racontait que parfois, ils entraient dans les maisons et jetaient les juifs dans la rue ou bien, ils les tuaient. Tous les soirs je restais derrière une fenêtre à observer les six soldats allemands qui passaient. Je craignais qu’ils ne s’arrêtent devant la maison et frappent à la porte. Un soir, Fritz me rejoignit à mon observation et posa une main sur mon épaule.
- Tu ne dois pas t’inquiéter, essaya t-il de me rassurer.
- On voit bien que ce n’est pas toi la victime dans cette histoire !
- C’est vrai, je ne peux pas savoir ce que tu ressens, mais je compatis. Tu sais, Hitler a peut-être raison sur les juifs (il me retint de répondre quoi que ce soit) mais j’en connais une qui ne mérite pas ce qui arrive.
Ces paroles me touchèrent beaucoup même si je le haïssais encore. Je voulais le détester comme je détestais ces soldats dans la rue, mais je ne pouvais pas, quelque chose m’en empêchait.

Quand l’été arriva, ce ne fut plus les six SS qui passèrent devant chez nous, ils avaient été remplacé par quatre SA à ce qu’on m’avait dit. Je m’étais habituée aux autres et ces quatre là ne m’inspiraient pas confiance…Un soir, à l’heure du repas, Otto engagea une conversation…la dernière que j’ai eu avec la famille de Fritz.
- Je pense que les nazis ont raison, commença t-il. Il faudrait que la race Aryenne domine le monde. Nous sommes les plus fort.
Je serrai les poings sur ma fourchette qui se plia.
- Fais attention aux couverts ! réprimanda la mère de Friedrich sèchement.
- J’ai toutes les raisons de passer mes nerfs sur cet objet !
- Non ! coupa Otto. Tu n’es pas chez toi ici ! Nous ne devrions même pas t’avoir dans notre maison. Notre petite famille serait bien mieux sans toi. Depuis que nous avons été contraints de te garder, tout n’allait que de travers !
- Contraints ? Vous avez accepté de bon cœur de me garder ! Ne l’oubliez pas ! Seulement vous êtes si arrogants que vous essayez de trouver une excuse pour vous dire que ce n’est pas vous qui avez choisi.
- Silence ! hurla le père.
Je restai à le défier du regard, je jetai un coup d’œil à Fritz qui semblait désorienté.
- Petite insolente ! Je devrais te donner aux SA qui passent sans aucune hésitation !
- Pourquoi ne le faites-vous pas alors ? demandai-je d’un ton agressif.
- Parce que moi je ne le veux pas, répondit Fritz, surprenant tout le monde.
- Fritz ! s’exclama Otto.
- Oui ! Je ne le veux pas ! Pourquoi la détester ? Elle n’a rien fait de mal ! Elle est juste…juive. Mais elle ne le paraît pas, on dirait une véritable Allemande.
Je sentis mes pommettes rougir à ces mots.
- C’est un affront ! s’époumona son père. Comment peux-tu oser dire ça ! Tu es indigne d’être un Aryen !
Comme je le craignais, notre « petite » dispute attira les quatre SA. Je fis signe à Fritz qu’ils arrivaient et il me comprit. Il essaya de calmer son père mais on toqua à la porte. Otto parut satisfait.
- Ah…voilà qui va régler nos problèmes…
Il se leva de sa chaise et s’engagea dans le couloir pour aller ouvrir. Son fils le devança et se plaça devant la porte.
- Ne fais pas ça ! Ils vont la tuer !
- Quelle importance ? Laisse-moi passer Friedrich !
Otto le repoussa et tourna la poignée. Les quatre SA attendaient devant la porte. Ils étaient terrifiants mais sous leurs traits sévères se cachaient des hommes d’une grande beauté aryenne.
- Nous avons entendu du bruit…expliqua le plus grand d’une voix froide.
- Oui, vous allez pouvoir nous aider, j’en suis sûr ! Cette juive (il me pointa du doigt alors que j’étais dans le couloir) nous harcèle, moi et ma famille.
- Bien…nous allons nous en occuper…
- Non ! s’écria Fritz.
Le jeune garçon entrava le passage du couloir.
- Ne lui faites pas de mal !
- Dégage de là mon garçon, ordonna le SA. Je ne sais pas ce qu’elle a pu te raconter pour que tu réagisses comme ça mais il faut que tu saches que leurs paroles ne sont que mensonges !
- C’est faux ! Ce sont vos paroles les mensonges !
Fritz se plaça devant moi, protecteur.
- Friedrich, écarte-toi ! fit Otto en colère.
Le SA sorti son arme, la pointa vers les deux adolescents et répéta :
- Dégage de là !
- Il faudra me passer sur le corps d’abord !
- Si ce n’est que ça…
J’étais très touchée par le comportement de mon ami et toute la haine que je ressentais envers lui s’était envolée. Mais la peur m’envahit quand le soldat allemand caressa la gâchette de son arme. Otto ne bougeait pas un cil, je crois qu’il s’en fichait de son fils depuis les propos qu’il avait tenu au repas. La mère n’était pas là, elle devait préférer ne pas voir ça sans pour autant s’y opposer. Je regardai les yeux inexpressifs du SA qui n’allait pas tarder à effectuer cette pression meurtrière sur la gâchette. Je me tournai vers Otto qui attendait les bras croisés, j’étais atterrée par le comportement qu’il pouvait avoir. Il était le père de Fritz ! Je me suis écartée en un reflexe vers le mur quand je vis les muscles de la main du SA se contracter. Le bruit assourdissant résonna dans tout le quartier j’en suis sûre, du sang alla tacher la tapisserie et le sol. Je ne vis que le corps de Fritz qui bascula, traversé par la balle qui alla s’encastrer dans le mur, plus loin. Il tomba lourdement sur le sol dans son sang qui formait une immense tache. Je ne pouvais le croire…je ne me rendis pas compte à cet instant qu’il était vraiment mort. Néanmoins mes yeux s’emplirent de larme, je voyais son si fin visage et ses yeux bleus grands ouverts. J’avais envie de vomir, la seule personne qui m’avait aimé venait de disparaître. Je ne sais encore comment j’ai fait pour réagir aussi rapidement après cela. Je fonçai vers la porte bousculai les SA. Je ne sais pas comment j’échappai aux balles, je ne sais pas non plus comment ils ne me rattrapèrent pas.

C’est depuis ce jour que je fuis, je suis fatiguée, je vais dormir un peu. Peut-être est-ce que je ne me réveillerai pas demain. Je ne le saurai pas tant que je ne dormirai pas…Demain peut-être je mourrais, peut-être je serai encore vivante. Mais rien n’est certain. Ma vie peut s’arrêter à tout moment, je sais que je ne reverrai jamais mes parents qui ont eu la chance de partir avant que ce cataclysme ne s’abatte sur nous, les juifs…Un jour, je le sais, ceux qui ont fait ça seront puni, mais je ne serai pas là pour le voir…J’aperçois des ombres au loin, je reconnais la démarche symétrique et stricte des SS ou des SA. Ils arrivent et je cache le cahier sous une pierre. Ils ne sont plus qu’à quelques mètres. L’un d’eux s’avance, je reconnais le signe des SA. Il pointe son arme sur moi et je pense à Fritz. « Au moins je vais le rejoindre » me dis-je. Le SA me regarde sans expression, il va me tuer de sang froid et moi je le défie du regard, je ne crains pas de mourir…Il appuie sur la gâchette, je ne vois plus rien, je tombe.
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Localisation : en plein rêve de cape et d'épée
Date d'inscription : 27/07/2005

Katja Empty
MessageSujet: Re: Katja   Katja EmptyLun 23 Jan à 20:07

ton texte est chouette ! peut-être un peu court par endroits, mais vraiment bien ! mais la fin est triste... sad
sinon, beau travail ! franchement... Razz avec des rapels historiques par endroits, etc... non, franchement, il est bien ! sourit

bonne continuation en tout cas ! :)
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Katja
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